Légumes de plein champ Se diversifier sous contrat industriel
Le contrat de production permet aux agriculteurs de s’engager dans une filière avec des objectifs et un revenu fixé pour la campagne. Cependant, la culture de plein champ demande une bonne technicité.
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Contractualiser…
À proximité de l’industriel
La France compte trois grands bassins de production pour les légumes industriels : le Nord-Picardie-Centre, la Bretagne-Pays de la Loire et le Sud-Ouest. « Leur répartition correspond à celle des industriels présents sur le territoire », analyse Delphine Pierron, directrice de Cénaldi (1). Une fois cueillis, les légumes subissent une surgélation ou une appertisation. « Pour conserver leur qualité, la transformation doit s’effectuer dans un court laps de temps après la récolte. D’où la nécessité pour le producteur d’être à proximité de l’industriel avec lequel il travaille », explique l’experte. Les principales productions françaises sont les pois, les haricots, les épinards et les carottes.
Mutualiser et négocier ensemble
L’organisation de producteurs (OP) gère la culture et la commercialisation des légumes de ses membres. Elle revêt différentes formes juridiques : coopérative, association, Sica…
Avant la campagne, l’OP définit avec l’industriel le plan de production en fonction de ses ambitions, le planning des cultures et la répartition entre chaque agriculteur. C’est aussi l’OP qui négocie les contrats avec les industriels pour la campagne à venir, fixant les objectifs de rendement et le prix payé à l’exploitant. En fin de saison, une commission mixte revient sur les résultats de chaque membre et décide, en cas de mauvais rendements, d’indemniser des producteurs.
…Pour diversifier
Complémentarité aux cultures
« 94 % de nos fournisseurs sont avant tout des céréaliers ou des éleveurs, explique Delphine Pierron. Les cultures de légumes de plein champ représentent de 10 à 15 % de leur surface agricole utile. Une à deux espèces peuvent être cultivées la même année. » Le choix du légume à produire se fait en fonction des besoins des industriels à proximité et des possibilités techniques et agronomiques de l’agriculteur. Les semis et la récolte sont à la décharge du producteur. Ces travaux sont réalisés par une entreprise de travaux agricoles (ETA), l’OP ou l’industriel. L’exploitant agricole n’a donc pas d’investissements à réaliser pour démarrer cette nouvelle activité.
Organisation du travail
Le cycle de culture pour les légumes de plein champ est court et nécessite un travail de surveillance accru pour le producteur. Certains, comme le pois, libèrent la terre très tôt et permettent l’implantation d’un second légume, le haricot par exemple. « Les cultures sont exigeantes et demandent de la réactivité, souligne Delphine Pierron. La période d’irrigation reste également chronophage. »
Les travaux de traitement sont réalisés par l’exploitant, avec l’accompagnement d’un conseiller technique. « Nous souhaitonsfaire évoluer les itinéraires techniques pour optimiser la production. La demande sociétale nous pousse à réduire l’utilisation des herbicides, nous voyons donc arriver le désherbage mécanique, voire manuel, pour y répondre », explique l’experte. L’achat d’engrais et de produits phytosanitaires reste à la charge de l’agriculteur, qui utilisera le même matériel qu’en grandes cultures pour l’épandage.
Impact agronomique
Les légumineuses – notamment le pois et le haricot – constituent de bonnes têtes de rotation. Cependant, les légumes de plein champ restent sensibles aux aléas sanitaires et à différentes adventices – parfois toxiques –, comme le datura. Cela nécessite donc une vigilance accrue de la part du producteur et des passages réguliers au champ.
Des rotations longues, pouvant atteindre sept à dix ans, permettent de lutter contre certaines maladies, l’aphanomycès – la pourriture racinaire du pois – , par exemple. « C’est la raison pour laquelle la production de légumes pour l’industrie constitue davantage une diversification qu’une activité principale », confie Delphine Pierron.
Alessandra Gambarini
(1) Cénaldi est une association nationale d’organisations de producteurs (AOP), agréée par le ministère de l’Agriculture depuis janvier 2009, et habilitée à agir sur l’ensemble du territoire métropolitain en faveur des producteurs de légumes de plein champ pour l’industrie.
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